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Ephémérides

Sans têtes

31 Octobre 2020 , Rédigé par Stéphane Lionel André Publié dans #Attentats, décapitations, assassins, #2020, covid 19, #Ami entends-tu..., #Bonjour chez vous !, #Complotisme, #Couvre-feux, #Reconfinement, #Christiane Bernadette Dufour, #ETC...Etc...Etc..., #Mouloud Akkouche

Nous nous avançons, les yeux hagards de trop de bonnes vinasses. De tant de coudes levés ne nous restent que de vagues souvenirs communs. De combien de boiveries fûmes-nous les témoins ? Je ne m'en souviens plus, comme je ne me souviens plus de rien de ce qui fut barriques, boutanches et gorgeons. Et de m'être vu rouler dans le vomi à la porte des estancots d'où l'on me chassait après que du morlingue soit tombée sur le zinc la dernière petite pièce, je ne me souviens plus.

Où sont passées les grues, les gisquettes, les gonzesses, les poules, les cailles, les dames ouvertes sur le verger de leurs automnes délicieux et qui peuplaient les volières de mes nuits sans lune ? Je ne le sais pas plus. Parfois je ferme les paupières, les plisse pour qu'un peu mon cinoche d'antan les fasse radiner comme à la parade nuptiale de mes épousailles sans alliances. Et c'est un défilé de culs somptueux, de loches tendres, de bouches mordillées du temps que j'avais encore quelques dents, de tétons agacés,  de plis et de replis d'après le glacis du ventre fertile en grognements. Plongées abyssales dans le milieu salin des touffes de poils, roses des vents au bord de l'évent des vulves grasses, mottes foulées au ressac des coups de hanches malhabiles des premiers temps de mes amours prohibés.

Quelques prénoms ? Pas plus que de ceux avec lesquels en frères je partageais la bière et le vin et le pain des petites trahisons amicales après que des familles nous eûmes fait le tour comme d'un désert chéri. Aucun puisque si vous n'avez pas les vôtres, votre panthéon de grandes et de petites déesses alors c'est que la vie vous aura épargné d'avoir à vivre selon les lois des voleurs de pommes. Et que votre place au paradis vous l'avez payé à crédit en gageant votre âme jusqu'au rassis tarifé.

A présent qu'à cheval sur la haridelle de l'incrédulité, un peu partout on voit galoper des suppliciés sans tête. A présent que la fin des temps récréatifs sonne à vingt et une heures. A présent que se massent intra-muros les foudres de la guerre narcissique. A présent que s'enfuient comme des feuilles mortes les voix qui ne nous répondent plus. A présent qu'il s'agit de se disperser au premier feu de poubelles. A présent que les prophètes piétinent dans le sang des étêtés, muets de terreur face à l'irréductible tentation de leurs fidèles d'en finir au plus vite. A présent qu'il n'y a plus de présent qui vaille qu'on l'ait imaginé, il est temps de se mettre en branle à la tête d'une troupe de souvenirs heureux. Il est temps d'éviter les couteaux dont Ferré rêvait qu'ils n'étaient là que pour couper le pain de l'amitié.

Sans tête peut-être mais entêté quand même contre les mauvais rêves du temps.

Enfants de tous les morts, innocents de tous les saints, race d'Abel, fils de Caïn ! Bonjour chez vous !

 

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M
Super !<br /> Merci.<br /> Mouloud
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